Quand se meurent les fenêtres
Celles aux vieux vantaux de bois
Laissant trop souvent passer le froid
Trouées d'antiques demeures,
Elles m'accrochent, m'interpellent
Chuchotant dans le vent, me racontent le temps
Celui des petites gens rentrant des champs
En se frottant les mains se réchauffaient
Famille réunie près de la grande cheminée
Du temps ou les villages vivaient
Ou le charron sur les roues, travaillait
Les lavandières au lavoir se retrouvaient
Les enfants chaussés de sabots couraient
Derrière les chèvres, ou les poules s'échappant,
De ces fenêtres s'évadaient l'odeur de la marmite,
Du pain recouvert de confiture attirant les abeilles
De la voix d'une mère fredonnant vieille ritournelle
Rejointe par celle d'une blonde et jolie jouvencelle
Point à point patiemment brodant son trousseau,
Il y aura rires et joie au village bientôt
Les fenêtres ont tant de choses à raconter
Sur leurs laborieux ou doux passés
Guettant le facteur venant à pied
De village en village portait nouvelles et courrier
Prenait le temps de discuter, de se réconforter
Devant gnôle, verre de vin ou café
Il était le moyen le plus sûr de savoir
De ce qui se passait en ville où dans les autres villages ...
Derrière le rideau crocheté, pépé le guettait
Il allait enfin savoir...
Mémé, elle, ouvrait grand la petite fenêtre de la chambre
Et laissait respirer le plumon au soleil levant
Si les fenêtres aux petits carreaux de verre mal dépoli
Pouvaient raconter tout ce qu'elles ont vu passer ou caché...
Quand se meurent nos fenêtres des campagnes, se meurent avec elles notre mémoire...
Clémentine*
*une histoire de facteur sur les hauts de Remiremont*__*
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