29 sept. 2020

Petit LU et chocolat




Ce matin , en passant devant le rayon interdit
Celui des gâteaux et de la pâtisserie...😏
Mes yeux se sont posés sur un dessin,
Un que je connais depuis l'enfance... 
Un carré dentelé, à commencer par un coin
Toujours accompagné d'une barre de chocolat...
 
Il n'a pas fallut longtemps pour me revoir gamine
Replonger dans ma tendre et insouciante enfance
Celle des promenades, des voyages et des découvertes
Quand nous allions au square, accompagnés de notre grand-mère
Toujours dans son sac le paquet de biscuits et la tablette gourmande
Rituel bien appliqué, assis en tailleur à même le sol, 
Sourires et gourmandise en attente nous faisait l'observer
Délicatement, elle ouvrait le paquet,
Toujours souriante, elle aussi nous observait
Chacun sa pile et que les biscuits ne soient ébréchés
Surveiller que la barre de chocolat bien droite soit cassée
Que tout soit équitable, il en allait de notre gaité !

A nos sorties dans la forêt, à la Vierge ou Beaux-désirs
Petits carrés à la mousse des bois, parfumés par nos doigts
Prenant goût de miel et sapin au col du Haut-Jacques
Craquelant encore plus au mistral de la plage de palavas-les-flots
Une époque ou la grande Motte n'existait pas
Nos excursions au pont du Gard méritaient récompense
En ses belles années, rien n'y était interdit
Avec mon frère, nous grimpions et passions là où passait l'eau au temps des romains
Nos rires et nos cris y résonnaient
Tout en haut, sous les dalles, au grand dam des parents !
Ensuite, assis sur les gros galets, les pieds pendants dans le Gardon
Nos biscuits nous grignotions, jetant quelques miettes aux minuscules poissons

En pays limitrophes, le temps d'un week-end
Au lac Léman ou dans la forêt noire, 
En Autriche ou en Bavière,
Toujours les biscuits nous accompagnaient...
Le chocolat lui, n'aimait pas voyager
Dans la voiture, comme femme précieuse, avait des"chaurées"
Mais carré ramolli posé entre deux biscuits
Prémices du nutella, c'était un délice...

Le temps de l'adolescence n'avait rien changé,
Mes seize ans, à rire et chahuter sur la plage de St Trojean, 
Sur la belle ile d'Oléron, avec mon cousin, au sortir de l'océan
Les biscuits avaient le goût de sel et le chocolat fondait sous nos rires
Ils étaient toujours là, à m'accompagner

                                            Les petits beurres ! comment les manger ?

 Croquer chaque coin, en souriant, car tout est meilleur en souriant, 
Un coin par saison,  comme croquer les oreilles du lapin en chocolat de Pâques, puis la pêche juteuse de juillet, croquer la noisette de septembre et la pomme reinette d'hiver
 printemps... été...automne...hiver... les quatre coins sont fait...
 Laisser le bruit du croustillant vous envahir, laissez-le résonner aux creux de vos tympans, puis croquer dans la barre de chocolat, noir de préférence, à cette époque Menier menait la danse, il est de mon enfance, laissez le mélange se faire en bouche... fermez les yeux... oui, vous y êtes ! alors régalez-vous, et venez me rejoindre du haut de nos six ans... je veux bien avec vous, partager les goûters gourmandises de ma tendre enfance, sauter à la corde ou jouer à la marelle  ...Petit Lu et Chocolat Menier nous partagerons...


                                                                             Clémentine*

                                                                          29/09/2020


Chaurées, patois vosgien, avoir un coup de chaud

Le petit LU, créé en 1886,inspiré d'un napperon, 4 coins pour 4 saisons, 52 dents pour les 52 semaines de l'année et 24 petits trous pour les 24 heures d'une journée😊




12 sept. 2020

D'écouter le tic-tac de la pendule...

*


D'écouter le tic-tac de la pendule
Égrainant les notes de notre temps
D'un temps à venir à rêver sous la lune
Sans crainte et sans tourment à venir du vent
Nous irons ensemble nous perdre dans les dunes
Là où l'on écoute chanter la vie doucement
Ou l'on regarde décliner le jour sur la lagune
Au souffle lent du nuage en brume se perdant
Main dans la main se moquant de cette pendule
Nous irons écouter le tic tac du temps
S'envolant dans la clarté d'une demi-lune
Qui, elle, aura toujours le temps...

Clémentine*


* image du net  http://fifine59.centerblog.net/

11 sept. 2020

Mes petites fées de bois ( une suite à mes araignées du lac de Bouzey)










En file indienne se promènent,
Baguenaudent sur le rivage
Comme nuée de petites sorcières sages
Émergence en herbes folles
Seraient-elles devenues frivoles
Ignorant le temps qui passe 
Aux yeux de promeneurs impassibles,
À leurs charmes, indisponibles
Elles restent stoïques
Figées comme tableau allégorique
Attendant sagement le soir
Pour dans l'obscurité se mouvoir

Dès que naissent les premières étoiles
Diamants scintillants sur grande toile,
En courtes nuits d'été et de pleine lune
Elles deviennent comme somnambules
Baillent, s'ébrouent, étirent leurs racines
Subitement deviennent divines
Délicieuses petites fées aux ailes de soie
Quittent leurs squelettes de bois
Oubliant du jour les tourments
Complotent en riant dans le vent
Tressent couronnes de lycopode doré
Piquées de minuscules pensées de marais
Puis, en joyeuse sarabande sur le sable
                        Jolies et minuscules indomptables                          
Elles profitent de la nuit pour œuvrer
Leur charabia en notes cristallines 
Exalte les hôtes de l'étang de Bouzey
Que peuvent-elles bien leur conter
De quels méfaits espèrent-elles les protéger
De cette eau devenue trop chaude qui disparaît ?
Laissant à nu sable sec comme en bord d'océan ?

Caresses légères aux plumes de neige 
Fiers voiliers d'un lac en peau de chagrin
Les cygnes n'ont pas eu de poussins
Le grèbe n'est pas revenu cacher ses petits 
Les foulques sont rares
Eiders et mouettes blanches ne cancanent ni ne crient
Les grenouilles ont désertées
Réfugiées à l'étang de la Comtesse,
La flaque est devenue muette

Aux baignades passées, on ne peut plus plonger
À cet endroit appelé " le trou du curé"
Pour sentir sur nos mollets
 Le chatouillis de nageoires bleutées
Écailles argentées ne jouent plus au soleil
Méduses d'eau douce ne se montrent plus
Le seul trésor se découvrant est de nacre
Anodontes géantes, à la coquille meurtrie
Centenaires coquillages aux perles précieuses
Proies faciles et mystérieuses

La nuit devient trop courte, alors
Les petites fées bleutées s’ankylosent
Retrouvant carcasses de bois au pas lourd et lent
Dès qu'arrive le soleil levant
Pétrifiées à nouveau,
En file indienne
Elles reprennent leurs places
Attendant la prochaine lune
Secret bien gardé
Par les astres et leur destinée
Poètes et rêveurs  peuvent les contempler
Si aux matins tôt se sont levés
Il m'arrive de les écouter tristement chanter
Quand le vent musarde en leurs blessures béantes
Infligées par les hommes, pour créer le lac...
Ce lac qui perd ses eaux
Ne voguent plus les bateaux...


Clémentine*

Août 2020



Le trou du curé
Après la construction du barrage en 1882 (en 1895 le barrage lâchait faisant une centaine de victimes, il fût reconstruit en 1900) Un curé à l'imperturbable bonhomie, jadis, venait y pêcher brochets et autres poissons qu'il partageait avec les plus pauvres de ses ouailles, ou qu'il apportait quand, dans une ferme il était invité...
 Imaginez-le, en soutane noire, les trois premiers boutons du col ouvert, béret vissé sur son crâne, un sourire béat illuminant son visage,(imperturbablement, aux curieux il disait "je prie" mais je pense que cette béatitude venait de cet endroit si calme, si régénérant, à regarder son bouchon flotter mollement à la surface de l'eau, titillé  par un foulque curieux, regard invité au bal des libellules et argus bleutés , virevoltant tout en arabesques accompagnés de chants d'oiseaux, dans cet air chaud de nos étés vosgiens, tout cela pour lui, devenait prière) donc, notre curé, calé sur son pliant et canne de roseau à la main, à ses pieds, une  petite boite de ferraille au couvercle troué, habitée de vers déterrés dans son jardin à la fraîche, pour attraper l'ablette qui elle, servira d'appâts au brochet... c'était "son coin" et pour les pêcheurs de maintenant, une façon de savoir où ils avaient batailler pour sortir de l'eau le grand carnassier... j'ai nettoyé et dégusté des brochets de cet endroit...je m'y suis baignée aussi, quand la prise gisait sur le rocher, quand le pêcheur ne faisait plus que flâner, mais c'était avant, quand il y avait encore de l'eau...