28 sept. 2018

L'agnelle et le loup (nouveau conte de la forêt vosgienne)Bouzey


L'étang de la Comtesse... une de mes photos bien sur*__*


L'agnelle et le loup


Ils se sont rencontrés un matin d'automne
Sur les rives de l'étang, celui de la Comtesse
Curieux étang plein de secrets et de mystères
Où les rainettes chantent au printemps
Jouant concert bruyant dans le vent
Celui qui chante et siffle dans les branches
Offrant perchoirs et nichoirs aux oiseaux de la forêt
Le geai aux ailes bleutées, cacarde
Gardien de la forêt, dès votre arrivée,  lance son cri de garde
Afin que tous les animaux puissent se cacher...
Les demoiselles ailées, jolies libellules, tout en voltige, baguenaudent
Et le loup en chasse, rôde...
Il s'ennuie, ayant perdu toute sa famille et ses amis
Devenu le dernier chasseur chassé et pourchassé de la contrée
Il est vrai que les traqueurs du comté ne lui laissent aucun répit
Flèches en carquois et arc en bandoulière
Ils parcourent la forêt, car l'abbaye de Chaumousey ils devaient protéger
Mais le loup se moque bien du prieuré
N'ayant aucune envie de prier
Il cherche son déjeuner, de préférence
Chair fraîche et bien tendre...

L'agnelle s'est égarée,
Trouvant plus agréable les chants de la forêt
Que le vert des champs où sa famille broutait
Elle chemine tranquillement dans les bois...
Mais déambuler ou chasser, cela donne soif
Voilà pourquoi, sur la berge du bout de l'étang
Venus tous deux s'abreuver,
L'un venant de rive gauche, l'autre arrivant de rive droite
Museau à museau, ils se sont retrouvés
L'agnelle n'ayant jamais vu de loup ne se trouva nullement apeurée
Et le loup, solitaire affamé, la toisant, n'en ferait bien qu'une bouchée...

Mais...

Il faut que je vous confie un secret...

Sur l'étang, les demoiselles ailées ne sont que de minuscules fées
En conciliabule, elles ont décidé qu'en ces lieux et cette si belle journée
Rien de cruel ne pouvait arriver
Unissant leurs pouvoirs, elles se sont misent à chanter,
À tourbillonner et virevolter au dessus de l'étang
 Brandissant à l'azuré du ciel
 Baguettes magiques à la douceur de miel...
Un murmure cristallin parcouru l'onde qui se mit à frissonner
Alors, face à face, longtemps, longtemps, comme pétrifiés
L'agnelle et le loup se sont regardés
Puis, doucement, se sont apprivoisés...

Depuis ce jour, quand l'automne revient après l'été fatigué
On peut les voir se sourire, se mirant dans les eaux insolites de l'étang
Sous le regard bienveillant d'étranges libellules chantonnant dans le vent...

Clémentine*

27/09/18
                                              
Avez-vous reconnu la blonde agnelle et le noir loup?

            conte pour enfants écrit pour accompagner une de mes photos d'expo, série reflets
      Rien que des mots glissants sur les nuages

22 sept. 2018

Mon aurore boréale...


                                                             




Mon aurore boréale
Instant de rêve magistral
Couchés dans la froidure
Les yeux rivés sur les nues
Enveloppée de rose et de fuchsia
Tenue au chaud aux creux de tes bras

Incorporel éther, soyeux enchanteur
Perdure sans relâche en l'extase de nos coeurs
Comme radieux concert de violoncelles
Aux vibrantes notes intemporelles
Bel aurore boréale
Instant de rêve magistral...

Clémentine*
20:02:17




image du net







17 sept. 2018

Un col, La Chapelotte, tenir ou mourir...1914/1918


                                       Un col, La Chapelotte, tenir ou mourir...1914/1918

la roche gardera à jamais la tristesse dans ses replis de granit
                                         Un col, La Chapelotte, tenir ou mourir...1914/1918



Il est des endroits ou toujours planent les âmes des hommes qui ont, de gré ou de force participé à celle que l'on appelle "la Grande Guerre" celle que j'appelle la dévoreuse, dont la force a dépassé le courage et l'abnégation des Hommes.
Nous reste pour nous souvenir, des endroits de vestiges, de recueillement, des traces de vie et de mort ne dépendant que de fraction de seconde, celle de chance ou de malchance pour ses Hommes

A leurs Mémoires,  notre devoir de nous souvenir...



Mais je sais

Qu'il y aura toujours quelqu'un comme moi
Pour caresser les pierres et ressentir leurs émois
Pour ne pas oublier la peur et le sang
De ces soldats, qu'ils soient français, allemands
Ou venus de lointains continents
La "Mondiale" a malmenée tous ses enfants

Errer à pas silencieux dans les tranchées,
Imaginer les hommes courbés
Les voir courir sous des déluges de feu et de mort
Ils n'ont pas le choix, l'hiver, la boue, le froid,
Et cette terreur qui ne les quitte pas

Certains jours de grands vents résonnent encore
Du bruit assourdissant du canon et de la mitraille
S'insinue entre les branches l'écho de hurlements
Envolés de ce mont de la Chapelotte, il y a plus de cent ans

Arpenter ces lieux de forêt qui ont retrouvé la paix
Ou chaque nouvel arbre se nourrit de leurs chairs
Descendre dans les abris enfouis sous la roche
Lugubres refuges quand trop fort grêlait la mort
Parcourir des boyaux, creusés à cœur de montagne
Protection de roc aux déluges d'obusiers et de mortiers
Toucher ces parois à pleine main ou du bout des doigts
C’est ressentir leurs peurs de ne plus jamais revoir leurs toits

Ne vous-y trompez surtout pas

Ces hommes pleins d'allant et de courage
Se battant pour leurs pays et leurs vies
Trainaient aux fonds de leurs tripes
Cette invisible peur de mourir
Venue de leurs pires cauchemars d'enfants
                                               
Sur ces crêtes de barbelés et d'horribles pièges
Sur ces crêtes devenues tristes cimetières
Sur ces crêtes ou l'on ne peut que frissonner
A la pensée de ses hommes qui n'avaient rien demandé,
A qui on a pris jeunesse et vie de liberté
Pour en faire corps brisés, âmes meurtries à jamais
Où les "Disparus" aspirés par la mort et la glaise
Dormiront sans retour
Nimbés de leur bravoure.


15/09/2018


 
 Coté allemand, un véritable labyrinthe avec entrée et sortie très éloignées l'une de l'autre


Coté français on creusait tout autant...



Plus profond on creusait, plus de chance de survivre...




Les arbres ont pris le temps de repousser, ce que voyaient les soldats abrités dans ce trou  était tout autre...





la trop célèbre queue de cochon... peinte en jaune maintenant...
Celle-ci prouve la violence des combats





La nature se bat pour reconquérir ces endroits... comme un maquillage sur une plaie béante

12 sept. 2018

Les invisibles...



 Invisible, oeuvre de LEVALET, artiste street art spinalien



Les invisibles

Là, ils ont travaillé
Là, ils ont peiné
Dans un vacarme infernal
Entre chaleur et dévorante vapeur      
Les hommes de Völklinger Hütte
Brûlant leur peau
A la fournaise des hauts-fourneaux
Laissant leurs poumons
A la poussière de la production

Gémissement des chariots peinant sur les rails
Grincement des machines que l'on pousse à l'extrême
Les gueulards béants attendent leur dû
Avant de vomir coulées ardentes comme volcans en éruption
Par des chemins laminés aux brûlures incandescentes
L'usine a toujours l'air d'être en feu...
                                                             
Les Hommes, je les imagine,
D'un revers de manche charbonnière
Essuyant un front maculé de graisse,
 De sueur et de poussière mêlée
Les oreilles bourdonnantes aux bruits assourdissants    
Crépitements, râles et sifflements
De toutes ces machines produisant fonte brûlante
En sort ce qui deviendra
Le progrès pour certain
N'étant que géhenne pour les autres
Pourtant, ces hommes,
Ils étaient fiers de leur labeur
Le monde se recréant à leur douleur

Ce que je trouve beau aujourd'hui
Hier, pour gagner leur vie ou leur survie
Les ont fait souffrir
La rouille me fait toujours rêver, 
Elle sait faire revivre le passé,
Vous replongeant dans des univers oubliés
Rouille, lambeaux de souffle d'âmes disparues
Toujours saura vous conter le destin
Des Hommes et des Femmes de Völklinger Hütte
Des Femmes et des Hommes d'ici ou d'ailleurs,

Un peu, beaucoup de leurs vies
Dévorées par les hauts-fourneaux...

Clémentine*
20/08/18



les photos"à ma façon" de la fonderie sont là... https://revedouxreve.blogspot.fr

Aux 250 Hommes et Femmes qui ont trouvé la mort sur ce site au cours de la deuxième guerre mondiale...sans oublier tous les autres...

géhenne = enfer, souffrance