La Moselle t'agrippe et t'aspire dans sa nuit
Elle te joue des tours au détour de la vague
Éclaboussant tes plumes, en couleur d'un non-dit
Tu virevoltes et passes sous le pont
Aile, tu traînes, tu t'amuses d'un rien
Touchant la voûte, effleurant l'affront
De la grisaille te moquant, faisant fi de ce froid pénétrant
Un souffle se penche, je retiens mon âme
Les reflets t'attirent et m'aimantent en même temps
La Moselle se pare de lueurs captivantes
Laissant battre mon coeur au rythme lent du tien
Ensemble nous voguons de bien belle manière
Toi, la libre comme l'air, moi, prisonnière de ma terre
Tu me prêtes un nuage, mais je n'ai que ma rage
De ne pouvoir librement jouer, sous la caresse du vent
Mouette Mosell'gueuse, es-tu vraiment heureuse...
Je reviendrai te voir, un jour de grand soleil
Quand il s'éclabousse en jolies perles vermeilles
Sur tes plumes de neige, mouvante bateleuse
Perdue en chemin, tu t'es arrêtée, lasse
Sur le bord de ma Moselle, à l'abri de la pierre
Pourtant, le lac n'est pas loin et beaucoup moins chagrin
J'en ai épongé le sel, ne laissant qu'une larme singulière
Mouette, nous irons, chacune à notre manière
Par de-là le temps, à crier dans le vent
Sons mêlés d’espérance, de peur et de prière
Nous irons toi et moi, un soir, chuchoter avec les anges...
Clémentine*
Clémentine*
*gueuse... argotiquement clocharde...