15 juin 2023

Voyage vers le néant....21/02/2015... rien ne change...


« Slave-ship » par Joseph Mallord William Turner

Voyage vers le néant

Pour un peu de liberté
Ils sont prêt à tout donner
Pour quelques miettes de bonheur
Ils s'entassent au prix de la peur
Dans les entrailles d'un vieux chalutier
Qui va tous les condamner

Au fond de la cale
La mère serre son enfant contre son cœur 
Au fond de la cale
Il a trois mois, elle, encore enfant, tremble de peur
Au fond de la cale
Juste la place pour s'asseoir
Au fond de la cale
Agglutinés dans la moiteur, ils se veulent plein d'espoir

Les yeux brillent , les yeux ont peur
Les peaux perdent leur belle couleur
Devenue masse sombre, oppressée au bruit du moteur
Elle n'en peut plus de compter les heures

Sur le pont restent les plus forts
Ceux qui veulent voir fuir leur frayeur
Au bruit des vagues se noyer
Contre vents et marées, ils ne peuvent qu'espérer

Il pense à son père
Qui a tout donné pour qu'il puisse s'en aller
Dans sa tête se dessine sa nouvelle vie
Les mots qu'il lui écrira pour le rassurer
Lui, pense à sa mère,
Il a gravé, trésor en son âme,
Un si triste sourire sur son visage
Il s'imagine revenir,
Poches pleines lui offrant nouvelle vie
Sourire épanoui...

Au fond de la cale
Elle ne peut plus respirer
Au fond  de la cale
Le bébé n'a pas résister
Au fond de la cale
Ils ont vite compris
Au fond de la cale
Quand l'eau salée est arrivée...

Il pense à son père
Qui l'imagine en Europe, en paradis...
Lui pense à sa mère
Il sait à jamais perdu son sourire

Au fond de la cale
Cela sent la mort
Au fond de la cale
Dans le noir de l'eau flottent les corps
Du fond de la cale
Montent encore bribe de cris étranglés
Au fond de la cale
Ils n'avaient pas choisi
Au fond de cette cale
D'y finir leurs misérables vies

Tous, ne voulaient qu'un allant meilleur
Manger à leur faim, dormir sans avoir peur...
Que les nantis se liguent enfin
Pour aider ces pays ou règne la terreur
A retrouver liberté et envie de vivre
Dignement, sereinement, 
Tout simplement être considéré en êtres humains

Nous sommes tous là à dire notre tristesse
Mais ce qu'il faut voir, c'est toute leur détresse
Comme toujours il suffit  de quelques hommes aigris
Imbus de leurs armes, d'une religion mal définie
Les chassant vers un nul-part
Les vendant sans vergognes aux charognards
pour que trop nombreux, trop nombreuses
ils se retrouvent sur des épaves monstrueuses


Contre ces passeurs de vie à la mort...que font les dirigeants
Contre ces pilleurs de vie à l'avance condamnée... que fait le monde.....
Contre cette détresse humaine...que faisons -nous....
Il est une chanson qui dit... ne ferme pas les yeux....
Alors ne fermons pas les yeux...ni notre coeur....

Clémentine*
21/04/2015





« Slave-ship » par Joseph Mallord William Turner — Museum of Fine Arts, Boston. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Slave-ship.jpg#/media/File:Slave-ship.jpg

1 commentaire:

  1. tu as trouvé les mots et je pense comme toi que nous ne devons pas fermer nos yeux et notre cœur. ton texte, avec cette phrase ... au fond de la cale... me rappelle aussi ces tristes trafics d'esclaves (heureusement du passé?) où d'autres êtres humains croupissaient dans les cales avant d'arriver en Amérique pour travailler dans les champs de canne à sucre. j'espère tant qu'un jour viendra où les gouvernements considéreront que toutes les vies sont importantes ! merci beaucoup pour ton humanisme !

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