Coure, s'agrippe la glycine aux murs décrépis
La maison se cache
Elle voudrait qu'on l'oublie
Elle voudrait garder ses souvenirs
Ceux des temps heureux
Ceux des enfants joyeux
De toutes ces générations se succédant
En robes longues ou culottes courtes
Les cavalcades éperdues
Les descentes à califourchon sur la rampe de bois
Les rires et les désirs
Les chants de Noël des décennies passées
Les anniversaires et les goûters dans le jardin
Les douces fraises du printemps
La limonade et les crinolines d'été
Feuilles d'automne ratissées patiemment
Par un jardinier au chapeau de paille conquérant
Les bonshommes de neige aux yeux de charbon
Savaient leur vie éphémère, penser, à quoi bon...
La maison s'est endormie comme en cocon feutré
Oubliée pendant plus de vingt ans, elle s'est transformée
J'aimais passer et la complimenter au printemps
Deviner ses pensées en glycine fleurie
Imaginer souffle de présence derrière ses fenêtres closes
Imaginer souffle de présence derrière ses fenêtres closes
Observer les habitants de son jardin
Trotte-menue et hérisson
Mésange et moineau friquet
Nichant en château de grappes mauves
Maison, tu étais magnifique
Et puis...
Un jour...
Je l'ai vue cette maudite pancarte
A vendre...
...à vendre...
...à vendre...
En quelques mots, elle promettait bon et mauvais
Les jours ont passé,
Bulldozer et pelleteuse sont arrivés
Ils avaient choisi le mauvais
Dans l'ombre des fenêtres
Des silhouettes fantomatiques se sont affolées
Tout a tremblé
Dans les bruits d'écroulements
Ils n'ont pas entendu les gémissements
La maison au sol arrachée
Le jardin creusé
Plus rien n'est resté
Depuis
Depuis
Une maison cube est née
Et moi,
J'ai perdu les trésors de la maison cachée...
Clémentine*
J'ai perdu les trésors de la maison cachée...
Clémentine*