30 juil. 2020

Le temps...





Sur un cahier d'écolier
Mes idées j'ai jetées
Mes mots griffonnés
Puis je les ai délaissés
Le temps, la colère, l'amour et la beauté
Oubliés sur la dernière page de ce cahier

Un beau matin je me suis réveillée
J'ai repris mon cahier d'écolier
Le temps avait doucement passé
Ma colère contre lui, effacée
Le temps, ce temps qui passe si vite
Marquant mon visage de son empreinte
Ce même temps qui m'a laissé et me laissera
À jamais mon sourire tendre et rieur
Celui qui plait tant, à mes amis, à mes enfants
Alors, je me suis répétée, ce que tendrement, toujours, je te dit...
Ces petites rides aux coins des yeux
Ne sont que marques de tendresse,
D'amour et de vie bien remplie...

Ce temps qui passe, je le maudis toujours autant
Ce que je déteste surtout, c'est tout ce que je vais manquer
Voir comment sera le monde en 2159
Louper ce départ pour Vénus,
En voyageuse habituée à frôler les étoiles
Marcher au fond de l'océan comme je marche dans ma forêt
Pour écouter le chant des baleines 
Comme j'entends le ramage des oiseaux 
Mes mots se mélangent autant que mes idées
De tout oublier je ne suis pressée
Mais ce temps, tant qu'il est présent, est mon temps
Celui d'aimer et d'apprécier le temps, passé, présent et le conjuguer sans scrupule au futur
Pendant encore très longtemps !

Clémentine*

30/07/2020


27 juil. 2020

Discussion entre Solène et moi*__*







Cette nuit , ne pouvant dormir
J'ai discuté avec la lune
Je lui ai demandé des nouvelles du monde...

Belle et ronde, elle me regardait tristement
M’expliquant la misère dans ce pays en guerre
La douleur dans celui-ci sans eau
La peur et la haine de croiser autre couleur
La douleur de perdre ces arbres, source de vie
De celui ou la faim tenaille les ventres
Et cet autre devenant trop chaud
Terre brûlée ou plus rien ne pousse
Celui-ci ou l'on se dispute pour le pouvoir
N'hésitant à tuer ceux qui pleurent leur liberté
Et là, maladie galopante décimant tout sur son chemin

Votre monde est bien malade, ne le voyez vous?

Dis-moi Solène, que faire?

Peuples de la terre, il faut vous réveiller
Cessez de vous disperser, de vous jalouser
Regardez-vous, comprenez-vous
Tendez-vous la main, aidez ceux qui en ont besoin
Partagez ce que votre terre vous à offert
Et puis... tu le sais bien Clémentine, un sourire en plus,
Cela ne fait de mal à personne, bien au contraire...

Je sais Solène, je sais, le sourire est début de tout
De la vie, de l'entente  du partage et de la compréhension
Je ne cesse de sourire Solène, je ne cesse...

Clémentine*


10 juil. 2020

Le chêne du jambon...une histoire des hauts de Remiremont







Le chêne du jambon

             Il est une contrée ou les sentes cheminant à travers belle forêt sentent bon la fougère et les brimbelles, les jolies fraises des bois rougissent sur les talus et les oiseaux , libres et heureux,  piaillent de tout leur saoul, trouvant facilement pitance, il est vrai que nous sommes en été..
Les couleurs d'automne promettent toujours cèpes et girolles, pommes de pin et faînes gourmandes, attirent fouineurs à quatre pattes, et l'hiver blanchi nos forêts comme les ans la chevelure de nos anciens, tout devient blanc, froid et scintillant sous le pâle soleil de février, nous sommes le 15 de ce mois d'hiver 1884, et Félix, le facteur de la contrée à déjà quelques kilomètres dans les jambes, il vient de Saint Nabord et distribue le courrier dans les hauts, ou quelques fermes éparses attendent toujours avec une impatience bienveillante son passage, car, outre le courrier, le journal,des petits paquets pour rendre service, il apporte aussi les nouvelles d'en bas, un facteur, cela sait tout... les commérages et la politique, les naissances et les vieux qui s'endorment à jamais, la Noémie qui fricote avec l'Adrien des Beuvottes, un mariage dans l'air... toujours cela se raconte en coin de table, devant une petite gnôle parfumant le café-chicorée tenu au chaud sur le trépied de la cheminée... sauf si tu préfères un bol de soupe le Félix... l'hiver il faut prendre soin de son facteur...

           Sa besace de cuir en bandoulière, Félix fait la trace dans la neige, de ferme en ferme, il marche en chantonnant une rengaine à la mode, "je cherche fortune tout autour du chat noir.".. il sourit, la fortune, il sait qu'elle n'est pas pour lui, mais qu'importe, cette rengaine lui permet d'avancer en marquant son pas dans la neige, deux empreintes faites par les godillots et une par le bâton, une trace à trois pattes... le début d'une légende vosgienne?

 Félix se dirige  vers la ferme des Gouty...

Salut l'Armand, j't'amène une lettre,le Républicain des Vosges et un paquet pour ta femme de la Lucienne Cuny, ben dis-donc, fait pas chaud dit-il en se tapant les pieds pour se débarrasser de la neige... une voix rocailleuse lui répond de la soupente, Armand, en sabot, une brassée de bûches pour renouveler le bois de la cheminée dévoreuse qui fume tant et plus, marquant la position de la ferme dans la forêt de ses volutes blanches lui lance un " allez entre le Félix, une t'tite gnôle te fera du bien et pis j'ai un service à te demander, je dois un jambon au père Bennevises, c'est sur ton chemin, pour la peine je te donnerais deux belles saucisses du même cochon... Félix posant son képi sur la table se gratte la tête... pèse combien ton jambon ? un bon quatre kg rétorque Armand, alors, se raclant la gorge, Félix demande une saucisse de plus, dame, quatre kg c'est pas rien à porter en traçant dans la neige immaculée, marché conclu, les deux hommes se tape dans la main et l'Armand s'éclipse quelques minutes dans la cave,  il en revient fier, tenant à bout de bras le jambon, v'là la bête! vindiou, c'était un beau cochon lance Félix l’œil connaisseur, t'es sûr qu'il dépasse pas les quatre kg? bof tien, vl'a tes trois saucisses et une t'ite gnôle pour la route...

Après bavardage et café à la goutte, il faut repartir, lesté  des quatre kg du jambon et délesté seulement d'une lettre, d'un journal et d'un petit paquet, Félix, le gourdin à la main repart d'un bon pas vers la ferme des Bennevises distante d'environ trois km à travers les bois, un jeu d'enfant pour cet habitué des grands chemins qu'il pleuve ou qu'il vente...ou qu'il neige!

Il siffle en marchant d'un pas alerte, dégustant en pensées les saucisses donnant bon goût aux patates, l'Adrienne sera contente pour sûr, cela vaut le coup de se trimbaler le jambon  jusqu’à la ferme Bennevises... il en saliverait presque quand un léger bruit attira son attention, il se retourna brusquement... rien derrière, rien sur les côtés, sûrement une branche trop chargée de neige... Maintenant, Félix se pose des questions... se trimbaler avec un jambon en forêt..(oui, en ce temps là les loups se rapprochaient des fermes et des chemins l'hiver) il a gardé en tête l'histoire arrivée il y a deux ans à ce facteur ayant quitté le hameau de St Genest, il s'est vu affublé d'un garde spécial, le museau fin, les oreilles pointues, un regard intelligent, le corps efflanqué, un loup le suivait à bonne distance, en arrivant au village de Moyémont, le loup avait disparu et le facteur du canton s'en était trouvé bien soulagé, mais à la sortie du village, il était à nouveau là, à bonne distance, ne le quittant du regard, il l'a suivi jusque Ortoncourt, jamais le facteur n'avait trouvé sa tournée aussi longue, a sa demande, un paysan l'avait accompagné jusqu'au village suivant, un molosse au bout d'une corde... c'est ce maudit jambon qui va me causer des soucis, pour sûr...bruit ou pas bruit, Félix se retourne fréquemment, jusqu’à ce moment où il le vit...maudit leu*maudit jambon...Félix se met à marcher rapidement, mais messire Ysengrin allongea sa foulée et la distance entre la bête et l'homme resta la même, puis diminua peu à peu...

Il faut que je trouve une solution se dit à voix haute notre Félix... si je cours, il me rattrape vite fait... un arbre, il me faut un arbre, là-bas, ce grand chêne, je pourrais y monter facilement, et bien m'en a pris de toujours avoir mon couteau et de la cordelette dans la poche,  il faut enlever les moufles en mouton retourné faites par l'Adrienne pour lui éviter les engelures, la brave femme, je dois rentré vivant à la maison marmonne-t-il dans sa moustache... le temps de grimper sur la deuxième branche, le loup est là, dressé, les pattes avant appuyées contre le tronc, notre brave Félix se sent pousser des ailes et atteint au plus vite les branche hautes... et maintenant, me voici prisonnier, si je ne meure de faim je mourrais de froid la nuit venue, et les journées sont courtes en plein hiver et en plein bois dans nos Vosges, tout se mélange dans son cerveau, les idées fusent, certaines vraiment impossibles, mais...si... non ..mais si je jette une saucisse, le leu va peut-être partir avec son repas, pfff gaspiller une saucisse, rien qu'y penser l’énervait, l'image de la saucisse toute chaude et grassouillette parfumant les patates...grrr Félix sort son canif, coupe la saucisse en deux et en  jette une partie au loup qui l'englouti avant qu'elle n'arrive au sol! et le voici qui se redresse, sautant et griffant le tronc comme une bête enragée sachant ou se trouve sa pitance et ne pouvant l'atteindre...

Voilà bien une demi -heure que Félix fait l'oiseau sur sa branche, l'idée, elle vient de germer dans son pauvre cerveau à demi-congelé, il accroche le jambon emmailloté à la corde, évalue jusqu’où pourrait sauter le loup, le jambon va servir d'appât, simplement d'appât, pas question que le maudit leu le mange! le loup ne hurle pas, il grogne en montrant les crocs, ses yeux dorés lancent des éclairs, l'odeur du jambon le rend fou, encore en babines le goût de la demi-saucisse ne lui laisse pas lâcher prise... le jambon est bien accroché et se balance lourdement entre les branches du chêne...
Maintenant, il faut que je l'éloigne du tronc, sinon il va me bouffer avant le jambon, Félix évite le regard de la bête sauvage, il prend la  demi-saucisse restante, observe les alentours... la jeter,  plus haut,  plus loin, qu'elle ne se coince pas dans les branches, mais qu'elle finisse dans le taillis pour que la bête perde du temps à la trouver je n'en suis plus à cinq minutes faut pas rater l'envoi... se cramponnant d'un bras au chêne, Felix prend une grand respiration, d'un geste bien étudié, la saucisse virevolte dans les airs, le loup la suit des yeux et Felix commence à descendre de son arbre, quand il voit Ysengrin entamer sa course pour aller la chercher, il saute de l'arbre, la sacoche bien attachée en bandoulière, il se sauve d'une vitesse à laquelle il n'aurait jamais cru aller, avec la frousse que le loup ne morde a son hameçon, l'odeur du jambon le retenant sous le chêne le temps de fuir,  ayant encore les deux autres saucisses dans sa besace, il court il court jusqu’à la ferme Bonnevises ou il raconta sa mésaventure.

Boudiou de chez boudiou grommelle le père Jules, mon jambon, mon jambon,,, t'es sûr qu'il est bien attaché? assez haut? allez le Félix, une petite gnôle et je te raccompagne vers St Nabord avec le Fûté et le Médor, avec deux chiens on sera tranquille, pour le jambon, on verra demain, le loup sera surement parti, avec ou sans le jambon...

Le lendemain, nos quatre compères, Armand, Félix, le père Jules et le grand-père Nicolas arrivent sous le chêne, armés de bâtons, accompagnés des chiens, la question était de savoir si le jambon avait eu de la chance ou pas... de loin ils avaient vu comment le loup s'était énervé sur le chêne, ayant lacéré de ses griffes le tronc qui portera longtemps ses blessures, autour de l'arbre la neige était tassée, piétinée, salie, multitude d'empreintes, des grosses, des petites...y a eu une sacré sarabande sous le chêne cette nuit lance pépé Nicolas en regardant Félix, ta eu chaud les fesses mon gars, oui pépé Nicolas, mais regardez là-haut... tous, levant les yeux regardent...emmailloté dans son torchon, le jambon continuait de se balancer mollement en tournicotant sur lui-même, alors, Félix, posant sac et bâton est remonté dans l'arbre, et d'un bref coup de son opinel trancha la corde à raz du jambon, le bout de corde restant laissera un souvenir à l'arbre lança t-il en riant....

Et longtemps, pendant très longtemps, les gamins passant par là riaient en voyant la corde, se racontant l'histoire du facteur, du chêne et du jambon, les années ont passées, les guerres et l'exode ont chassé des hauts les habitants, la ville les ayant absorbés, la vie est devenue autre et les randonneurs se remplissent les yeux de toutes ces beautés, ne comprenant pas cette pancarte..."LE CHÊNE DU JAMBON" maintenant,  les fermes ont disparues, seuls quelques murets de pierres subsistent, les champs se sont boisés et les mémoires ont oublié l'histoire du chêne et du jambon, il reste une pancarte situant l'endroit mais plus d’anciens pour raconter l'histoire les nuits d'hiver devant la cheminée, alors, je me suis permise de vous l'offrir, telle que je l'ai imaginée, car je suis certaine qu'il ne pouvait en être autrement...*__* n'hésitez pas si vous venez en nos belles Vosges, il y a multitude de jolis endroits ou se sont passé tant et tant d'histoires que les hommes oublient si vite, mais qui ont forgées le caractère des Vosgiens  de maintenant.

                                          Clémentine* en balade*__* 5/07/20



Je cherche fortune, d'Aristide Bruand  le chat noir était un cabaret parisien
*leu...loup en patois vosgien
l'histoire du facteur de Moyémont est réelle, elle me fût conté par Renée qui n'aimait pas trop me savoir courir les bois seule*__* peine perdue, je n'ai jamais rencontré de loup, seulement des renards, de jeunes daguets et de vieux dix cors, des biches, des chats sauvages et autres habitants des bois, mais jamais de loup*__*