11 juin 2015

File le vent...

CH





File le vent….

 Au grand soleil, un matin de printemps
Mon cœur s’est mis à battre doucement
D’un long songe hivernal il revenait
Paisiblement, tendrement, il te découvrait,
*
   Toi…
*
Toi qui dans mon sommeil me caressais,
Me susurrais des mots que nul autre n’entendait
Tu passais me voir, même tard le soir
Me berçant langoureusement dans le noir
*
Tu me donnais envie et rêves éveillés
Toujours à me conter ce que tu avais rencontré
*
La truite bleutée musardant au fil de la Vologne
La demoiselle ailée faisant la belle sans vergogne
Le chant des blés verts, l’aubépine jolie
S’exhibant dans les champs comme en bijouterie
*
Tu attisais ma curiosité, sifflant comme pinson
Me promettant jolie danse sur un air d’accordéon
Tu me pressais à toi de m’ouvrir
Sûr de ton pouvoir, tu voulais m’éblouir
*
Tu me racontais avec moult détails
Princesses ottomanes se baignant en sérail
Au moucharabieh les épiant, regards impudiques
Princes charmeurs aspirant à joutes érotiques
*
Tout près, là, dans le champ voisin
Les amoureux se roulant dans le foin
N’hésitant jamais à me faire rougir
Me voulant écarlate pour ton auguste plaisir
*
Depuis mon réveil, tu te fais plus pressant
Bousculant ma jupe, mon jupon envolant
Me trompant sans remords avec fleurs des champs
Mon cœur s’assombrit devant l’orage menaçant
*
Mais toi, tu le trouves joli, étoile noire caressée
Par le soleil, la lune et toute la gente ailée
Tu me retrousses, tu me détrousses
Me bouscules, me promet bel amour sur lit de mousse
*
Beau chanteur, tu déferles sur ma soie,
 D’un air ravageur, dissémines mon émoi
L’azur frémissant en reste pantois
Il ferme les yeux, désertant mon effroi
*
Sans pudeur pour ma vie s’effaçant
Mes dentelles au sol, tu files maudit vent
Je n’étais que fleur de pavot, cœur velouté robe de sang
Mais je reviendrais, je reviendrais au prochain printemps…

Clémentine* 


10 Juin 2015


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