Araignées et Monstres du lac de Bouzey ,chronique Vosgienne ...
Araignées et Monstres du lac de Bouzey ,chronique Vosgienne ..
Il a suffi que le lac transpire un peu trop sous le soleil de l'été
Ou qu'une bande de géants assoiffés, sur ses berges,
Se soient reposé et bien trop désaltéré
Pour qu'exceptionnellement
Les araignées du fond du lac
Se révèlent au point du jour
Quand les eaux fatiguées
Lentement se sont retirées
Elles sont là, depuis plus d'un siècle
Se laissant découvrir si rarement
Accrochées aux rives englouties du ruisseau
Pleure l'étang de la Comtesse
Fini le temps des belles Abbesses
Les racines, qu'elles sont belles quand elles sortent de l'eau
Leurs pattes tortueuses s'accrochant au limon
Tout en abandon
Elles n'ont que faire de la soie
Pour emprisonner mes émois
Je les entends soupirer
Quand le vent vient les caresser
Elles se souviennent alors du passé
Avant de devenir monstres ou araignées
Sur le sable, à nouveau émergés
Dans le pré ou paissaient les troupeaux
Dans la clairière ou chantonnait le ruisseau
Elles étaient arbres, fiers et altiers
Protégeant les nonnes du prieuré,
Les animaux et leurs jeunes bergers
Venant sous leurs branches prier, rire et chanter
Pendant des siècles cela a perduré
Puis un jour, les hommes ont décidé,
Il nous faut de l'eau, beaucoup d'eau
Pour couler dans les canaux,
Porter les bateaux,
Ceux qui nourriront ou porteront armes d'invasion
Pour transporter le blé, le charbon et les canons
Alors, un lac ils ont créé, les arbres ont été coupés
Une digue érigée...
La ferme fût boulée, au fond du lac, gisent encore quelques pierres éparpillées
Grès rose des Vosges, se chauffant au soleil
Quand l'eau, exceptionnellement, se fait la belle
Les hommes, magnanimes, au lac, son nom lui ont laissé
Bouzey...
Alors, les eaux de l'Avière
Lentement, en chantonnant, de leur lit se sont échappées
Lentement, en soupirant, les prés ont occupé
Lentement, impitoyablement, les souches et les pierres ont noyé
Plus de danses ni de chants n'ont résonné
Plus de prières dans le vent, comme papillons, s'envolant
Souches d'arbres se sont fossilisées
Se transformant dans la quiétude des eaux
En énigmatiques monstres ou curieuses araignées
Qu'il me plait de découvrir quand il a fait trop chaud
Quand les bateaux ont bu beaucoup trop d'eau
Quand les eaux du lac se sont évaporées...
Elles sont belles, mes araignées du fond du lac
Il sont beaux mes monstres engloutis
Personne ne les regarde, personne ne leur sourit
Immuables, ils attendent... ils ont tout leur temps
Pour raconter à qui veut bien les écouter
La vie d'ici, la vie d'autrefois...
Alors, au lever du jour, comme eux, comme elles, je prends mon temps
Assise à même le sable, je les regarde, je les écoute,
J'entends le vent chanter dans leurs racines
J'admire le soleil levant avec elles s'amuser, créant des ombres facétieuses
les transformant, leur redonnant une superbe
Qu'elles croyaient à jamais perdue
Sous mes yeux,
Elles deviennent bison, élan, tortue monstrueuse
chiens ou oiseaux, belles soyeuses...
Mes belles pourvoyeuses de rêves...
Mes magnifiques monstres du fond du lac...
Clémentine*
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Rencontre surprise d' un Ondin se transformant en loutre pour vérifier ou en est le lac... |
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photos posées sur "couleur sable"*__*un clic sur photos en haut à droite... |